Il fait beau, j’ai plein de temps devant moi, et rien à faire mis à part une pile de vaisselle sale, une blonde à qui je pourrais donner de l’attention, du ménage, du linge sale, un miroir de salle de bain plein d’éclaboussures, mais surtout un cell rempli de nouveaux posts Instagram, plein d’annonces Marketplace et de Tik Toks fraichement uploadés, sans oublier plein de beaux podcasts qui, en plus de me changer les idées, me feraient sentir moins seul en ces moments de confinement covidiens.
Faut savoir que je priorise le vélo à tout dans ma vie. C’est mon activité préférée, spécialement parmi tout ce que je peux faire en dehors de chez moi. C’est du temps que je prends pour moi, pour bouger (pis perdre du crisse de gras), pour me sauver de la vraie vie, entendre ce que ma tête a à me dire quand la seule chose à faire c’est de pédaler le plus vite que j’peux, le plus longtemps possible. J’ai besoin de ça, ça vient vraiment remplir un vide dans mes journées.
Le problème, c’est quand tu reviens d’une ride. La vraie vie te revient dans face. Une fois revenu, je mets mon bike dans le locker en désordre, ma bouteille d’eau sur le comptoir plein de vaisselle sale et mon kit de bike dans le panier à linge qui déborde déjà. Y’a 14 notifications dont je me câlice sur mon cell, je les swipe pour qu’elles disparaissent et que je puisse librement uploader ma run Strava, et peut-être quelques shots en story Instagram. Une collation (ou 4) et une douche plus tard, l’endorphine, la dopamine et l’adrénaline descendent assez vite quand tu dois préparer ton lunch pour ta journée de travail du lendemain pis préparer ta semaine. Même avant de partir, j’angoisse déjà à l’idée de revenir et de ce qui vient avec. Aussi bien pas partir dans ce cas.
Finalement, il fait pas si beau que ça. J’vais être obligé de prendre ma douche en revenant, ça me tente pas. J’t’encore un peu racké des jambes d’hier, ça sera pas optimal de toute façon. « J’peux bin prendre du temps pour me reposer aussi ! » me dis-je. J’me plug sur Youtube. Je regarde les gars de IFHT, Seth pis Vegan Cyclist tripper sur leurs rides et faire de toutes leurs journées un succès grâce au bécyk, pendant que moi j’suis là en bobettes en train de checker mon écran d’ordi, café frette à la main, en espérant avoir une p’tite dose de motivation de leur part.
C’est dur d’être quelqu’un de pas sportif à la base et d’adorer un sport qui demande du temps, de la préparation, et généralement, des efforts. C’est facile de tomber dans la facilité et d’aller sur la même piste cyclable à côté, faire mon petit trajet habituel et de revenir, sans trop avoir vécu d’émotions. C’est pas supposé être ça le bécyk messemble, c’est ça que j’aime à la base, pourquoi je m’infligerais ça ?
Ces fois-là que j’aime mieux rester chez moi, mon psy appelle ça de l’intolérance à l’incertitude. Mon médecin de famille appelle ça une dépression, moi j’appelle ça de l’anxiété pis de la lâcheté. Au fond je sais que c’est un beau mélange de tout ça. Je sais pas où aller pour faire une ride un peu différente, combien de temps partir pour éviter que ça me retarde pour mes autres activités de la journée et revenir à temps pour manger, quoi apporter pour être certain de rien oublier et qu’il m’arrive rien et de penser à voir si quelqu’un peut venir avec moi. Trop de questions qui tournent dans ma tête, chaque fois. Ça me décourage, ça me donne envie de rien faire à la place.
J’essaie de retourner la question de tous les bords et de relativiser, c’est peut-être pas anormal de pas vouloir faire du bike chaque jour. Bien que j’aimerais ça, j’suis pas un athlète olympique ou un cycliste de compétition, j’suis juste un geek qui pédale pour pouvoir manger d’la poutine sans trop de culpabilité. Finalement y’a ptête rien de mal à regarder mon bike pourrir sur son crochet quelques jours de temps en temps. C’est normal d’avoir d’autres priorités pis d’essayer de balancer sa vie entre ses hobbies et le train-train quotidien, ça l’air que c’est juste une question de perspective.